Nous profitons de ce repli pour se faire une cure ayurvedique, bien être pour Anne et decroutage pour mon cas. Joseph, notre volubile hôte, nous conseille l'hôpital Sigiriya. Hé oui, c'est du sérieux, je consulte trois médecins qui me programment une semaine de traitement.

Totally naked, trois masseurs me sont attitrés. Enrico me ceinture mes parties avec un bout de drap qu'il déchire à pleines dents. Les masseurs se mettent torse nu et m'allongent sur une magnifique table creusée en teck. Enrico m'applique de l'huile sur le nombril, le front, les genoux et enfin les pieds, les yeux fermés, en prière.

Son compère me verse un demi litre d'huile chaude sur tout le corps et le bal est ouvert. Quatre mains me parcourent tous les muscles, des pieds aux mains, en dessinant un S à un rythme soutenu et énergique. Secoué, je me retourne sur le ventre et glisse comme une savonnette et le manège continue, puis on me positionne en chien de fusil, tous mes os craquent sur le teck jusqu'à pénétration intégrale de l'huile.

Enrico revient avec une bassine remplie d'un liquide maronnasse. Muni d'un petit broc, il verse lentement le liquide sur tout mon corps, toujours en dessinant des S. L'odeur agresse mes sens, c'est du lait caillé, mon cache sexe a disparu depuis longtemps... Allez tiens! un petit broc sur popol, ça lui fera pas de mal! Puis il malaxe mon postérieur et continue à me verser le liquide visqueux dans tous mes pores une heure durant.

Je commence à frissonner, le lait frais m'écoeure de plus en plus, je me concentre sur le crucifix qui pendouille sur le torse velu d'Enrico, sa fine moustache sourit pour m'encourager. Ils m'assoient en position du lotus et me demandent de fermer les yeux... Ha enfin une pose relaxante, et vlan les brocs se succèdent sur le haut de mon crâne et Enrico me frictionne le visage et essore ma barbe blanchie de lait. Je crache le liquide amer et déglutis en m'imaginant en Cléopâtre prenant un bain de lait de chèvre.

Un masseur s'échine à allumer le gaz sous une grande cocote minute qui est reliée tel un alambic clandestin à un tuyau vers une grosse caisse en bois. On me plie en quatre dans la caisse comme le cobaye d'un prestidigitateur. Ma tête sort par un trou et j'attends le sabre qui va la trancher. Un bain de vapeur aux herbes médicinales salvateur me réchauffe. Une autre casserole bout et je la regarde méchamment : à quelle sauce vont-il me la servir ? Dans un va et vient insensé, des masseurs et médecins viennent s'enquérir de ma santé en dodelinant la tête "you're ok"? Je dodeline aussi, p'têtre bien que oui p'têtre bien que non !

Enfin on m'extirpe du manège où je cuis et c'est la douche à l'indienne : un seau d'eau chaude, un broc et on s'asperge. Enrico me tourne toujours autour, je sens qu'il meurt d'envie de me frotter le dos et me raidis. Je saisis le savon pour me déshuiler mais on me l'interdit. Un médecin qui passe par là en profite pour me peloter les fesses et tâter le résultat de leur expérience que je renouvelle pendant sept jours !

À l'heure du bilan ma peau s'est bien assouplie, les stigmates semblent s'estomper, ma femme a quitté le lit conjugal écœurée par mon parfum laiteux et le docteur me conseille de rester un mois pour une disparition totale du mal !