Au pays du matin calme, naître femme peut s’avérer être une malédiction d’une rare férocité.

La Corée trouve ses femmes vilaines et les fantasment en caucasiennes. Minces, le menton en v, le nez haut, une double paupière, la peau blanche… Les coréens ont pris les choses en mains et c’est scalpel en main qu’ils redessinent leur femme parfaite.

L’intervention du bistouri commence très tôt, offerte par les parents au premier diplôme de leur progéniture en jupon. Dès la naissance, le destin du joli poupon est scellé, les jeunes parents commencent à mettre quelques wons de côté. Le nouveau modèle est bien maitrisé par les chirurgiens passés maîtres dans la création de cette nouvelle femme hybride sortie tout droit d’un manga. Les rues de Séoul regorgent de ces créatures parfaites prenant des selfies tous les 50 mètres dans les boutiques dédiées à ce sport national.

Un phénomène Barbie qui poussait les américaines à la peroxydation et à l’augmentation mammaire ici revisité à l’extrême, gommant la singularité de chaque femme dans cette société patriarcale imprégnée de confucianisme.

« Sois belle, tais toi et va chez le chirurgien » fait le bonheur des cliniques qui poussent à chaque coin de rue mais aussi de l’industrie cosmétique ! Un nouveau nez ou une peau blanchie,ça s’entretient !!! Les coréennes ont un rituel de soin du visage drastique : le technique du 7 skin. Avec 7 couches de lotion et autres sérums, les matins ne sont pas si calmes!

Je n’ai pas poussé l’investigation au rituel du soir… Ce qui est certain c’est que l’investissement chirurgical est entretenu avec à la clé de plus grandes chances de trouver un job ou un mari. Alors la beauté intérieure, l’esprit… Autant vous dire que l’habit a remplacé le moine à défaut de le faire. Saupoudrez le tout d’un accessoire de luxe français made in China et vous obtenez la coréenne parfaite !

Côté communication, le marché de la beauté a trouvé des ambassadrices d’excellence avec les chanteuses des groupes de K-Pop auxquelles les petites filles au nez plat et aux yeux fendus veulent ressembler. Et puisqu’il n’y a pas d’âge pour l’endoctrinement, une enseigne a fait un carton en lançant un Spa et gamme de maquillage accessibles dès trois ans!

Quelques voix féministes commencent à se faire entendre, timidement, notamment le mouvement « Escape the corset » qui invite les femmes à se libérer des diktats esthétiques. Un combat compliqué dans une société où l’apparence est érigée en nouvelle religion et les réseaux sociaux en églises où l’on prie pour ses likes. La culture, quant à elle, se monnaye dans des enclaves dédiées à la chose avec location de costumes traditionnels en nylon histoire de réaliser un bon selfie Instagrammable. Allez, Say Cheese !!!