Popayan, la ville immaculée, les murs chaulés nous éblouissent par un soleil enfin au rendez-vous. Nous retrouvons aussi nos colombiens, un peu bourrus, avares de sentiments, marqués par ces décennies de guerre civile qui ont décimé des pans entiers de familles.


Vous prendrez bien un café?
Elles ne savent même plus contre qui ou pour qui elles combattaient ; FARC, M19, narcos de Cali, de Medellin, milices paramilitaires sans compter les gouvernements successifs eux-mêmes corrompus par toutes ces factions. La paix, on la sent encore fragile, même si la jeunesse aspire ardemment à la consolider. Mais les cicatrices sont dures a cautériser tellement la violence a atteint son paroxysme dans ce pays. Nous parcourons les centres historiques, touristiques, mais évitons les favelas ou l’on tue pour 2000 pesos !

Nous rencontrons Camille et Simon profs de français en Guyane depuis 4 ans dans notre charmant hostel dans un vieux bâtiment colonial sur la place principale de la ville où nous sommes réveillés chaque jour par les cantiques qui fuitent de la cathédrale qui jouxte notre chambre. C’est le week-end du 15 août et la ferveur des catholiques sud-américains est intense, les églises débordent.

A Cali, la ville de la salsa, nous déambulons dans le charmant centre historique. Le soir, nous rencontrons dans un parc de jeunes déshérités boivent un alcool de canne à sucre frelaté, nous sympathisons et évitons de justesse de nous faire détrousser.

Désabusés du bus et de ses immenses terminaux terrestres qui ressemblent à des aéroports, nous louons une voiture pour les 15 derniers jours du voyage. Notre Logan nous porte dans la région du café, une vallée verdoyante dans un climat semi-tropical parfait, ni trop chaud ni trop froid. Nous dormons dans la Finca de Juan Pablo qui appartient à sa famille depuis 120 ans. Un magnifique bâtiment au gazon anglais. Il nous explique le processus de fabrication du café. Munis de nos bacs nous allons ramasser à la main le café, grain par grain, il se récolte toute l’année mais il faut sélectionner le grain mur. Un travail laborieux. Dans sa propriété de 400 hectares, Juan emploie mille personnes, souvent des vénézuéliens et les problèmes de drogue, d’alcool et de violence sont courants. Ici on ne consomme pas de café car il est exporté. Seul le café de mauvaise qualité est vendu localement. Autre option et la plus répandue : nescafé ou ricoré !

Pour clore en beauté le voyage, nous nous installons 5 jours dans un petit coin de paradis, La Mansion del Lago, adresse donnée par notre belge flamboyant de Mompos. La maison est située à une demi-heure de barque dans les méandres du lac del Prado mesurant plus de 50 km. On y devine le déplacement des plaques tectoniques, la formation de monts aux falaises vertigineuses et la fureur de la lave. Le niveau du lac est à son plus bas niveau. Il monte de plus de 15 mètres durant la saison des pluies, formant sur les berges des rides subtilement dessinées. Nous sommes seuls dans la maison, une charmante famille s’occupe de combler tous nos désirs. Nous sommes aux anges de ce repos bien mérité.


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