Sénégal
Nous retrouvons Saint-Louis avec une certaine impatience tant la ville nous avait séduite il y a une dizaine d’années dans toutes ses contradictions. La belle n’a pas changé, vivant au rythme de ses trois îles. Son village de pêcheurs éclatantd’énergie au coucher du soleil, à l’heure où les familles viennent prendre le frais au pied des cases. Son marché que nous traversons en apnée de peur de nous gaver de protéines non désirées sous le regard des belles demeures coloniales au charme modeste le long du fleuve Sénégal dont les plastiques multicolores ponctuent les rives.
Installés chez Yves Lamour, à la Maison Jamm, bel exemple de réhabilitation architecturale, nous nous laissons gagner par la langueur insulaire, déambulant dans les traverses de sables en revivant les fragments d’histoire qui font la singularité de la belle.
Les exploits ailés de Saint Ex ou Mermoz en sirotant un café à l’Hôtel de la Poste, haut lieu de résidence des pilotes de l’Aéropostale.
Les mésaventures de Charlotte Picard s’embarquant avec toute sa famille sur la frégate la Méduse qui n’ira pas plus loin que le banc d’Arguin et leur terrible et périlleuse traversée du désert mauritanien jusqu'à Saint Louis.
L’abandon du radeau et de ses malheureux qui pendant douze jours vivront l’enfer de la faim, de la soif, du soleil et du cannibalisme inspirant à Géricault son allégorie romantique.
La belle et tragique histoire de Battling Siki, premier africain à devenir champion du monde de boxe, dont les journalistes européens disaient « qu’il avait un style issu de la jungle, qu’il était un chimpanzé à qui on avait appris à porter des gants ». Sa maison est devenue l’une des plus belles adresses et tables de l’île.
Le glamour avec Bohringer, Giraudeau, Noiret, Huppert, Mariel, Schmoll… Les tournages des Caprices d’un Fleuve ou de Coups de torchon dont les affiches ornent fièrement les murs du bar de l’hôtel de la Résidence.
Plus loin sur le quai, Le Bou el Mogdad qui des années 50 à 70 transportait courrier, eau, vivres et matières premières dans les comptoirs coloniaux sièste, en attendant la prochaine croisière de jeunes amoureux.
Les filles se sentent bien à Saint Louis, elles en ont perçu l’ambiance familiale. Ici on connaît ton prénom avant même les présentations, on te flaire, on te reconnaît et tu deviens très vite un saint-louisien. Le voyageur se mêle à la population d’expats et autres résidents, une centaine de familles composée de métis héritiers des belle signares, de néo-colons exploitant le riz ou la tomate dans la région de Richard Toll, de jeunes ingénieurs en mission et autres hédonistes comme notre ami Yves Lamour piqué par l’Afrique il y a de nombreuses années.
Nous avons croisé quelques touristes noirs-américains en quête de leurs origines, assidus des cours de Wolof dispensés par l’Institut Français. Les autres voyageurs sont de Dakar. Les hôtels ou chambres d’hôtes appartiennent à des toubabs. On refait l’Afrique autour d’un verre de rosé à la Kora… On s’achète une bonne conscience en distribuant du lait choco aux jeunes talibés et devenons voyeurs à l’occasion d’une photo « exotique » d’une famille rentrant de la pêche sur sa charrette, ou d’un enfant ravissant avec son boubou coloré… L’arroseur arrosé pour nous qui fuyions en Chine, il n’y a pas longtemps, les paparazzis nous traitant comme une minorité…
Penser s’africaniser serait utopique, nous restons blancs.
Héritiers de l’architecture que nous avons laissée, héritiers d’un sentiment et d’une attitude de supériorité qui laisse penser que tout s’est arrêté quand nous sommes partis. Un goût amer que l’on souhaiterait différent, parce que caricatural, mais non.
Saint-Louis aujourd’hui est visitée par moins de 30 000 personnes par an dont 3000 viennent pour son festival de jazz. Yves regrette le manque d’événements qui feraient découvrir cette ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco et se démène comme un beau diable. Saint Louis a bénéficié d’une dotation de 15 milliards de CFA par l’Agence Française de Développement, seuls 8% ont à ce jour été utilisés et l’année prochaine il sera trop tard… Saint Louis dort. Et pourtant on attend le Davos africain en octobre, le Saint-Louis Guyane à la rame en novembre… Inch allah !
En attendant nous suivons les jeunes énergies. Tess et son atelier de tissage qui fait revivre le savoir-faire capverdien oublié, les sculptures de Meïssa Fall, géniales de créativité conçues à partir de carcasses de bicyclettes, l’intelligente sélection de bouquins de la librairie l’Agneau Carnivore, les initiatives particulières de rénovation du patrimoine saint louisien ou encore toutes ces associations qui oeuvrent pour l’avenir des jeunes talibés.
Demain nous quitterons Saint-Louis avec en mémoire le concert de Tex & Talla en plein air au Flamingo, le pont Faidherbe en arrière plan auréolé d’un incroyable vol de chauves-souris.
Installés chez Yves Lamour, à la Maison Jamm, bel exemple de réhabilitation architecturale, nous nous laissons gagner par la langueur insulaire, déambulant dans les traverses de sables en revivant les fragments d’histoire qui font la singularité de la belle.
Les exploits ailés de Saint Ex ou Mermoz en sirotant un café à l’Hôtel de la Poste, haut lieu de résidence des pilotes de l’Aéropostale.
Les mésaventures de Charlotte Picard s’embarquant avec toute sa famille sur la frégate la Méduse qui n’ira pas plus loin que le banc d’Arguin et leur terrible et périlleuse traversée du désert mauritanien jusqu'à Saint Louis.
L’abandon du radeau et de ses malheureux qui pendant douze jours vivront l’enfer de la faim, de la soif, du soleil et du cannibalisme inspirant à Géricault son allégorie romantique.
La belle et tragique histoire de Battling Siki, premier africain à devenir champion du monde de boxe, dont les journalistes européens disaient « qu’il avait un style issu de la jungle, qu’il était un chimpanzé à qui on avait appris à porter des gants ». Sa maison est devenue l’une des plus belles adresses et tables de l’île.
Le glamour avec Bohringer, Giraudeau, Noiret, Huppert, Mariel, Schmoll… Les tournages des Caprices d’un Fleuve ou de Coups de torchon dont les affiches ornent fièrement les murs du bar de l’hôtel de la Résidence.
Plus loin sur le quai, Le Bou el Mogdad qui des années 50 à 70 transportait courrier, eau, vivres et matières premières dans les comptoirs coloniaux sièste, en attendant la prochaine croisière de jeunes amoureux.
Les filles se sentent bien à Saint Louis, elles en ont perçu l’ambiance familiale. Ici on connaît ton prénom avant même les présentations, on te flaire, on te reconnaît et tu deviens très vite un saint-louisien. Le voyageur se mêle à la population d’expats et autres résidents, une centaine de familles composée de métis héritiers des belle signares, de néo-colons exploitant le riz ou la tomate dans la région de Richard Toll, de jeunes ingénieurs en mission et autres hédonistes comme notre ami Yves Lamour piqué par l’Afrique il y a de nombreuses années.
Nous avons croisé quelques touristes noirs-américains en quête de leurs origines, assidus des cours de Wolof dispensés par l’Institut Français. Les autres voyageurs sont de Dakar. Les hôtels ou chambres d’hôtes appartiennent à des toubabs. On refait l’Afrique autour d’un verre de rosé à la Kora… On s’achète une bonne conscience en distribuant du lait choco aux jeunes talibés et devenons voyeurs à l’occasion d’une photo « exotique » d’une famille rentrant de la pêche sur sa charrette, ou d’un enfant ravissant avec son boubou coloré… L’arroseur arrosé pour nous qui fuyions en Chine, il n’y a pas longtemps, les paparazzis nous traitant comme une minorité…
Penser s’africaniser serait utopique, nous restons blancs.
Héritiers de l’architecture que nous avons laissée, héritiers d’un sentiment et d’une attitude de supériorité qui laisse penser que tout s’est arrêté quand nous sommes partis. Un goût amer que l’on souhaiterait différent, parce que caricatural, mais non.
Saint-Louis aujourd’hui est visitée par moins de 30 000 personnes par an dont 3000 viennent pour son festival de jazz. Yves regrette le manque d’événements qui feraient découvrir cette ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco et se démène comme un beau diable. Saint Louis a bénéficié d’une dotation de 15 milliards de CFA par l’Agence Française de Développement, seuls 8% ont à ce jour été utilisés et l’année prochaine il sera trop tard… Saint Louis dort. Et pourtant on attend le Davos africain en octobre, le Saint-Louis Guyane à la rame en novembre… Inch allah !
En attendant nous suivons les jeunes énergies. Tess et son atelier de tissage qui fait revivre le savoir-faire capverdien oublié, les sculptures de Meïssa Fall, géniales de créativité conçues à partir de carcasses de bicyclettes, l’intelligente sélection de bouquins de la librairie l’Agneau Carnivore, les initiatives particulières de rénovation du patrimoine saint louisien ou encore toutes ces associations qui oeuvrent pour l’avenir des jeunes talibés.
Demain nous quitterons Saint-Louis avec en mémoire le concert de Tex & Talla en plein air au Flamingo, le pont Faidherbe en arrière plan auréolé d’un incroyable vol de chauves-souris.
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