Les rendez-vous mémorables sont clandestins
Nous arrivons à la capitale par un train en luxury class pour 6 heures de voyage dans des cabines individuelles qui s’allongent garnies d’une télé et service vip mais pas de champagne faut pas déconner, l’équivalent d’une première sur Air France. L’arrivée en ville commence par quelques vieilles maisons aux volets usés jalonnant le ballast où vivent pêle-mêle chiens errants et clochards célestes guettant une mort joyeuse.

Nous partons en expédition en taxi dans cette mégapole deuxième plus grande du monde composée de 32 millions d’habitants. Comme dans un grand huit, notre chauffeur se perd dans ce nœud d’échangeurs autoroutiers dans des embouteillages monstres où stoïques nos compagnons d’infortune dorment sur leur volant. Au loin l’immensité de la ville se distingue à peine, voilée d’un nuage épais de pollution, le ciel gris argenté d’où émergent d’immenses tours fantômes, mirage fugace, qui s’évanouissent dans une brume de gaz. Au pied de ces géants des mall font office de fondation auxquelles s’accrochent comme des parasites des bicoques de tôle dans un cloaque pestilentiel jonché d’ordures et d’insectes multiformes.

La ville attire son lot de guenilles venues des campagne faire une illusoire fortune. Logés dans ces bidonvilles dans une indifférence générale, dort la force ouvrière et docile, esclave moderne de riches jakartiens.

Même la vieille ville sent le moisi, un relent de renfermé avec ses musées logés dans des bâtiments coloniaux décrépis aux expositions d’un vide sidéral. Quand à la quatrième plus grande mosquée du monde elle est d’une laideur sans nom, bloc de béton informe ou l’imam s’égosille a travers des hauts parleurs dignes des plus belle boîtes de nuit. L’appel à la prière peut durer jusqu’à 30 minutes, boules quies indispensables surtout a 4h du mat où dans un rêve illuminatoire j’escaladais le minaret pour lui couper la chic. Ne vous avisez pas à critiquer le bel organe des imams, vous finiriez en prison pour vous protéger d’une foule hystérique qui vous lyncherait par lapidation.

Les quelques lignes de métro aérien ne sont pas connectées entre elles, il faut prendre un tuk tuk pour faire le changement muni d’un masque à gaz. La ville s’enfonce de 16 cm par an, c’est la raison pour laquelle la capitale administrative sera déménagée à Bornéo.

Dans ce cauchemar éveillé une fée nous conduit dans un lieu underground, le bloc M, ancienne fabrique de billets transformée en lieu multiculturel où on se nourrit, se gave de couleurs lumineuses.

Pour finir de m’achever, à l’aéroport pour Singapour nous nous faisons exfiltrer par les douaniers pour situation irrégulière sur le sol indonésien ! N’ayant pas renouvelé nos visas, nous sommes devenus des clandestins.

On passe de bureaux en bureaux où ça crie, ça jaquette, ça pérore, on sent monter une hystérie collective, nos geôliers aux sourires carnassiers reniflent le bon client, on va les plumer, les vider, les saigner, les éviscèrer, je sors les quelques roupies qui me restent dans ma poche, mais sa grosse tête patibulaire accrochée à son coup de taureau dodeline avec rage. On m’accompagne au distributeur, le terminal de cb étant en panne pire qu’à Marseille, je m’exécute, c’est la ruine ou la tôle.

Quelle joie, pire un bonheur proche de l’orgasme que d’arriver dans la tranquille, propre et belle cité état qu’est Singapour. Un contraste saisissant, une drôle de bizarrerie cette ville si léchée qu’elle en paraît fausse, un décor de cinéma animé par des playmobiles dans un monde idyllique presque trop parfait. Ici il est interdit de fumer dans la rue dans les bars même en terrasse c’est zéro tolérance dans ce monde de barbie aseptisé où les trottoirs sont si propres que l’on voit son reflet de capitaliste sapé à la dernière mode vivant dans des somptueuses tours garnies de jardins suspendus.





Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins

Les rendez-vous mémorables sont clandestins