Turquie
C'est sur une note paradoxalement colorée que nous quittons l'Iran et son merveilleux lac salé d'Ourmia! Les paysages et la naïve gentillesse de ses habitants l'emporteront définitivement sur ce régime sectaire dans nos mémoires!
Nous nous rapprochons doucement d'Istanbul en passant notre dernière frontière. Le chaos règne dans ce dernier Check Point faisant du lieu une véritable passoire ou kurdes et iraniens passent à la barbe des contrôleurs cartouches de clopes et autres objets non identifiés. Et pourtant, à une centiare de km de Mossoul, l'ambiance est tendue. Nous enchaînons les contrôles sur la route qui nous mène à Van, ville kurde. Les peaux ont gagnées en couleur et les yeux sont devenus clairs.
Welcome au Kurdistan! Bête noire du régime d'Erdogan. Nous ne sommes que de passage mais les quelques kurdes rencontrés ne se limitent pas aux formules de politesse iraniennes mais témoignent d'un vrai besoin de délivrer un message politique aux européens ignorants que nous sommes.
À cheval entre la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran, le Kurdistan compte presque 45 millions d'habitants et représente 14% de la population turque.
Nous avons rencontré lors de notre première soirée à Van 5 jeunes kurdes, une prof d'anglais, une psy, un sociologue, un autre prof et un musicien au chômage. Ils nous abordent dans un rare bar de la ville où nous savourons une bière fraîche. La conversation prend très vite une tournure politique.
Ils se définissent comme socialistes. Nous leur racontons notre voyage et notamment Istanbul post putsch. Ils démarrent au quart de tour, Erdogan aurait selon eux organisé son propre putsch histoire de bien ancrer sa démocrature par une purge massive. D'ailleurs dès que ça pète au Kurdistan, le régime parle d'attentats de l'EI ou du PKK alors qu'Erdogan en est le commanditaire et que Daesh arrange bien les affaires d'Istanbul...
La conversation dérive sur la situation en France, ses musulmans et le burkini. Notre éducation judéo-chrétienne nous aveugle sur la volonté des musulmans de nous coloniser, dans 10 ans la France sera musulmane... Je crois entendre la Le Pen et de la part de musulmans, j'ai du mal à avaler la pilule...
La prof d'anglais à la coupe punk me parle de ses cauchemars, des gens qu'elle a perdus, de la difficulté de trouver un boulot en tant que kurde, du sort de sa minorité, du PKK, des militants, du combat qu'ils mènent contre l'état islamique, des femmes guerrières médiatisées dans nos pays, de leur leader emprisonné, peut être mort à l'heure actuelle, de sa copine assise à côté de moi, lesbienne en territoire musulman, des réfugiés syriens qui affluent à Van...
Nous sommes invités à poursuivre notre discussion chez le sociologue. Nous acceptons, la conversation change de registre pour un moment de musique kurde portée par la divine voix du musicien!
Ce soir nous passons notre dernière nuit à Istanbul, ou plutôt a Tuzla, petit village côté asiatique à deux pas de l'aéroport sur la mer Marmara, loin du tumulte stambouliote, petit paradis pour riches turques et je repense à nos amis de Van avec tristesse. Voyageurs nous croisons des vies, voyeurs des routes, nous retournons bien confortablement dans notre confort. Max ne veut pas manger sa salade, assaisonnement trop gras… Je revois cette petite réfugiée syrienne et ses magnifiques yeux au futur incertain, Shiva la petite iranienne copine de Mahault, tous ces enfants qui n'apprendront jamais à nager, les petites filles de 5 ans croisées dans la rue et voilées de noir jusqu'au menton que l'on mariera trop tôt, ces hommes qui se plaignent de la chaleur à côté de leurs femmes et leurs filles supportant une triple épaisseur de voilages… Demain, je penserai à la prochaine négociation en cours…
Welcome au Kurdistan! Bête noire du régime d'Erdogan. Nous ne sommes que de passage mais les quelques kurdes rencontrés ne se limitent pas aux formules de politesse iraniennes mais témoignent d'un vrai besoin de délivrer un message politique aux européens ignorants que nous sommes.
À cheval entre la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran, le Kurdistan compte presque 45 millions d'habitants et représente 14% de la population turque.
Nous avons rencontré lors de notre première soirée à Van 5 jeunes kurdes, une prof d'anglais, une psy, un sociologue, un autre prof et un musicien au chômage. Ils nous abordent dans un rare bar de la ville où nous savourons une bière fraîche. La conversation prend très vite une tournure politique.
Ils se définissent comme socialistes. Nous leur racontons notre voyage et notamment Istanbul post putsch. Ils démarrent au quart de tour, Erdogan aurait selon eux organisé son propre putsch histoire de bien ancrer sa démocrature par une purge massive. D'ailleurs dès que ça pète au Kurdistan, le régime parle d'attentats de l'EI ou du PKK alors qu'Erdogan en est le commanditaire et que Daesh arrange bien les affaires d'Istanbul...
La conversation dérive sur la situation en France, ses musulmans et le burkini. Notre éducation judéo-chrétienne nous aveugle sur la volonté des musulmans de nous coloniser, dans 10 ans la France sera musulmane... Je crois entendre la Le Pen et de la part de musulmans, j'ai du mal à avaler la pilule...
La prof d'anglais à la coupe punk me parle de ses cauchemars, des gens qu'elle a perdus, de la difficulté de trouver un boulot en tant que kurde, du sort de sa minorité, du PKK, des militants, du combat qu'ils mènent contre l'état islamique, des femmes guerrières médiatisées dans nos pays, de leur leader emprisonné, peut être mort à l'heure actuelle, de sa copine assise à côté de moi, lesbienne en territoire musulman, des réfugiés syriens qui affluent à Van...
Nous sommes invités à poursuivre notre discussion chez le sociologue. Nous acceptons, la conversation change de registre pour un moment de musique kurde portée par la divine voix du musicien!
Ce soir nous passons notre dernière nuit à Istanbul, ou plutôt a Tuzla, petit village côté asiatique à deux pas de l'aéroport sur la mer Marmara, loin du tumulte stambouliote, petit paradis pour riches turques et je repense à nos amis de Van avec tristesse. Voyageurs nous croisons des vies, voyeurs des routes, nous retournons bien confortablement dans notre confort. Max ne veut pas manger sa salade, assaisonnement trop gras… Je revois cette petite réfugiée syrienne et ses magnifiques yeux au futur incertain, Shiva la petite iranienne copine de Mahault, tous ces enfants qui n'apprendront jamais à nager, les petites filles de 5 ans croisées dans la rue et voilées de noir jusqu'au menton que l'on mariera trop tôt, ces hommes qui se plaignent de la chaleur à côté de leurs femmes et leurs filles supportant une triple épaisseur de voilages… Demain, je penserai à la prochaine négociation en cours…
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