Une expérience sibérienne.
Jusqu'à ce voyage, la Sibérie n'évoquait pour moi que la rudesse, l'exil, le bagne sous des cieux peu propices.

Les paysages défilant lors de notre traversée en train m'ont plus ou moins confirmé cette impression : des isbas de guingois menaçant de s'écrouler au moindre souffle ou de sombrer dans la boue des eaux de printemps (fonte des neiges) succédant à des forêts de bouleaux, des steppes où rien ne semble vouloir pousser.

Mais Irkoutsk, la petite Paris, s'est révélée douce.
Une architecture de gloire passée aux couleurs pastel chères aux Russes où l'on imagine sans peine les femmes des Décembristes tenir salon. Le long de l'Angara, des badauds tètent une glace tandis que d'autres s'exercent à des figures en roller. Et Galina, notre hôtesse, régalant chaque matin les filles de montagnes de crêpes dans sa petite cuisine...

Le temps de reprendre des forces et nous voilà partis pour l'île d'Olkhon. 7 heures de route, de piste, de bac et re de piste dans un minibus collectif où le moindre espace est occupé. Les premières images du lac Baïkal et des paysages de cette île enchanteresse où nous passerons 10 jours.

La perle de la Sibérie fait plus de 600 km de long sur 60 de large quand Olkhon grignote 72 km à peu près au centre du lac. Les bouriates et russes qui peuplent l'île (1300 habitants) ne bénéficient de l'électricité que depuis 2005, quant à l'eau courante, on se sert dans le Baïkal.

Nous prenons nos quartiers à Khoujir, principal village au centre de l'île, chez Nikita. La chambre est équipée d'un poêle, le même que Mac Gregor et le samovar est chaud. C'est avec un thé bien chaud que nous découvrons donc avec stupeur le lac gelé qui s'étend à perte de vue. La pension où nous sommes est située au cap Khoboï, le Rocher du Chaman... La magie opère.

Nous partons repérer les lieux.
Les vaches et chevaux, plus nombreux que les autochtones, paissent tranquillement en toute liberté face à cette immensité gelée. Mahault est aux anges et essaie de se faire des amis parmi la race bovine. Après une petite explication sur l'impossibilité de cette relation, nous nous posons sur une plage de sable fin. Je bronze face à cette mer figée, expérience inédite, Max et Stan travaillent leurs ricochets façon curling, Mahault surveille du coin de l'œil ses amis les veaux bientôt rejoints par leurs imposants parents pour s'abreuver de l'eau pure du lac.
Derrière nous des forêts, des steppes ponctuées d'arbres à souhaits colorés aux pieds desquels gisent cadavres de vodka et petite monnaie, le chemin vers la transe chamanique!

Le village est composé d' isbas en plus ou moins bon état et de grandes rues de sable que se partagent bovins et uaz (minibus soviet). Tout autour du village les chantiers de construction vont bon train, préparant l'arrivée de touristes, salut futur de l'île où les usines de poissons ont fermé depuis longtemps et où personne ne cultive la terre depuis les kolkhozes.

Olkhon dort encore, la saison n'a pas commencé et nous partageons en toute intimité nos repas avec quelques touristes, le pope et le personnel de la pension. Une ambiance familiale dans un cadre idyllique. Les filles retrouvent avec bonheur leurs crêpes au petit déj badigeonnées de lait concentré. Après une cure d'omoul (poisson qui crie quand on l'attrape), Stan, en manque de viande, finit par trouver chez le pope un morceau de bœuf congelé. C'est décidé, demain piquenique et grillades!
Le soleil est chaud, la vie douce.

Le soir, les backpackers tchatchent de leur expérience. Après avoir refait le monde, direction le bania au grand bonheur de Max et Mahault pour qui se laver n'a jamais été aussi rigolo.

Histoire de ne pas s'endormir, nous programmons un petit exil de trois jours dans le Nord que Stan vous racontera et retrouvons, émus, à notre retour la famille chez Nikita.

Nous avons quitté Olkhon hier et je vous écris assise sur les marches de notre nouvelle cabane, toujours face au Baïkal où nous sommes reçus cette fois par des fermiers. 200 vaches et chevaux élevés essentiellement pour la viande et le plaisir des yeux, ils ne montent pas... Notre bicoque fait partie d'un groupe de 5. L'une est destinée à la cuisine, l'autre au bania, la troisième au fridge, celle évidemment de nos hôtes et... j'allais oublier la cabane du fond du jardin! Max en l'évoquant dit résignée: " bon, j'vais au trou!".

Comme sur l'île, nous sommes encerclés d'une " jolie barrière" tandis que les animaux vivent en toute liberté dans ces steppes sibériennes profitant de la courte clémence du temps.

Mon expérience sibérienne est finalement des plus douce. J'ai l'impression d'être Petrouchka Ingalonov à la conquête du Far East avec son Stanislas et ses deux filles. Dans mon souvenir, leur quotidien est assez similaire au nôtre, exception faite que Max n'a pas de Nelly Olsonov pour lui pourrir la vie. Le meilleur des mondes!

Bon, je vais aider Ira à préparer les boulettes et les graines...

Paca Paca.

Olkhon

Une expérience sibérienne.
Ile d'Olkhon, le petit port de peche de Khoujir

Une expérience sibérienne.
L'avenue principale de Khoujir

notre isba a la ferme
La petite maison dans la steppe

un arbre a souhaits
Arbre a souhaits au rocher du Chaman a Olkhon

le pope nous livre les patates
Le pope nous livre les patates

Une expérience sibérienne.
Interieur siberien au cap Krestovsky


Ira notre hotesse
Ira notre hotesse

carnaval a Irkoutsk
Carnaval a Irkoutsk

Une expérience sibérienne.